Lettre à Jeanne Humbert (1951)

INDEX

Quelques éléments biographiques et considérations savoureuses. Cette lettre, dans le fonds Humbert de l’IISG, est suivie de deux autres (1956 et 1964) ainsi que d’un faire part de remerciements suite à l’envoi probable de condoléances de Jeanne Humbert à la mort Rassinier.

http://search.socialhistory.org/Record/ARCH00598/ArchiveContentList#584
In : Correspondances, entrée n° 749 (PDF téléchargeable)

http://militants-anarchistes.info/spip.php?article2738

Mâcon le 2 décembre 1951

Chère camarade,

Je vous remercie de votre envoi. J’avais toujours cru que Giroud = Hardy = Humbert. Il faut m’en excuser : la guerre de 14 a fait césure dans mon enfance et ce n’est qu’à partir de 22-23 que j’ai été mêlé activement aux luttes politiques et sociales. A cette époque, à Belfort, nous bagarrions en liaison avec les anarcho-syndicalistes de Dijon, Morey, St Claude près desquels nous nous approvisionnions en brochures que nous faisions circuler. Je ne sais plus qui nous avait dit que malgré les noms différents ils étaient tous du même auteur. Je crois bien que c’est Marthe [pour Jeanne Chevenard ?] ou Marie Guillot…. Bref.

Après huit ans de vie militante obscure mais ardente, je n’écris plus qu’obéissant aux lois de la vitesse acquise et souvent de mémoire, sans vérifier. On se lasse à la fin. Moi un peu plus parce que je suis condamné à la vie allongée depuis mon séjour au camp. N’était l’amitié que je porte à Lecoin et à quelques autres, je serais dans ma coquille depuis longtemps. Ma dernière aventure avec la cour d’appel de Lyon n’est pas de nature à m’encourager…. Ceux pour qui on se bat sont vraiment des cons ! Résultat : on ne leur a pas apporté la Révolution, mais, pour eux, on s’est mis dans la mouise.

Dites moi combien je vous dois pour ces deux brochures. Je ne peux même pas vous envoyer les [miennes?] qui sont épuisées et que personne ne veut rééditer malgré les commandes….

Bien fraternellement

Paul Rassinier

N.B. Si vous avez encore un exemplaire de chacune des quatre brochures interdites, faites m’en un paquet. On a toujours, dans son entourage, des jeunes gens dans l’embarras et on est moins gèné de leur faire lire un texte que de leur expliquer…. Les derniers exemplaires que je possédais ont été embarqués par les Allemands quand ils ont pillé ma maison au moment de mon arrestation. Et, si par hasard, ce n’est pas par eux, c’est par les F.F.I. Qui ont emporté ce qu’ils avaient laissé ! La terre tourne, vous voyez, Gallilée avait raison….